
CROI 2025 - Communications orales
Le 10 mars s’est tenue une table ronde consacrée au traitement et à la prévention chez les femmes transgenres vivant avec le VIH.
Félicitations à Juliette HEMERY, statisticienne au sein de l'équipe CLEPIVIR, pour la qualité de ses travaux sur les délais d’initiation des traitements antirétroviraux chez les femmes transgenres vivant avec le VIH en France.
Son étude longitudinale analyse l’évolution des délais entre les différentes étapes du continuum de soins – du diagnostic à la suppression virale, en passant par la prise en charge médicale et le début du traitement antirétroviral – chez les femmes transgenres vivant avec le VIH, entre 1997 et 2022. Les résultats mettent en évidence une réduction globale de ces délais au fil du temps. Toutefois, malgré la mise en œuvre de la stratégie du treat all, des disparités géographiques persistent quant à l’accès rapide au traitement.
Une table ronde consacrée à la persistance et l'évolution du SARS-CoV-2 s’est tenue le 11 mars, réunissant cinq présentations orales.
Bravo à Karen ZAFILAZA, doctorante au sein de l'équipe THERAVIR, pour son intervention sur la diversité génétique du SARS-CoV-2 chez les patients immunodéprimés comparée à celle des personnes immunocompétentes au fil du temps.
Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet ANRS EMERGEN SIID, qui vise à mieux comprendre les infections à SARS-CoV-2 chez les populations immunodéprimées. L’étude présentée met en évidence une plus grande diversité génétique du virus chez ces patients, en particulier dans des régions clés impliquées dans la réplication virale. Cette observation apporte un nouvel éclairage sur les mécanismes évolutifs du virus dans ces populations vulnérables.
Mieux comprendre ces dynamiques génétiques pourrait ouvrir la voie à une meilleure caractérisation des infections chez les immunodéprimés et, à terme, contribuer à l’adaptation des stratégies vaccinales et thérapeutiques basées sur les anticorps anti-SARS-CoV-2.
Au sein de l’équipe, ce travail se poursuit avec une analyse approfondie des facteurs influençant cette diversité, afin d’affiner notre compréhension des interactions entre l’hôte et le virus.

CROI 2025 - Posters
Bravo à Dr Basma ABDI, virologue de l'équipe THERAVIR, pour ses travaux sur l'efficacité de la Doravirine chez des patients ayant un antécédent d'échec virologique avec une sélection de mutations de résistances aux NNRTI.
La doravirine (DOR) est un médicament utilisé contre le VIH, habituellement recommandé chez les patients n’ayant pas développé de résistance à une certaine classe de traitements : les inhibiteurs non-nucléosidiques de la transcriptase inverse (NNRTI). Pourtant, dans la vraie vie, certains patients avec un passé de résistance pourraient en bénéficier.
Cette étude menée auprès de 102 personnes vivant avec le VIH, majoritairement des hommes d’un âge médian de 59 ans, visait à évaluer l’efficacité d’un traitement à base de DOR chez des patients ayant eu, par le passé, un échec virologique avec des mutations de résistance aux NNRTI. Ces patients avaient en moyenne 26 ans de recul depuis leur diagnostic et étaient sous traitement depuis 22 ans.
Parmi eux, 25 % présentaient des mutations anciennes (comme K103N, Y181C ou G190A/E), détectées en moyenne 12 ans auparavant. Sur deux ans de suivi, aucun patient n’a présenté d’échec ou de rebond du virus.
Ces résultats sont encourageants : ils suggèrent que la doravirine pourrait être une option thérapeutique, même chez des patients avec des antécédents de mutations résistantes, lorsqu’une suppression virale durable a été maintenue.
Bravo à la Dr Cathia SOULIE,ingénieure de recherche dans l’équipe THERAVIR, pour ses travaux sur la résistance aux inhibiteurs d’intégrase, qui reste stable malgré leur utilisation croissante dans le traitement du VIH.
À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, une étude a suivi pendant 16 ans l’évolution des résistances à une classe importante de médicaments contre le VIH : les inhibiteurs d’intégrase. Ces traitements empêchent le virus d’intégrer son matériel génétique dans les cellules humaines, une étape clé de l’infection.
Depuis 2008, leur utilisation a fortement augmenté, passant de 3 % à plus de 70 % des patients en 2024. Au départ, les premiers médicaments de cette classe (comme le raltégravir) étaient souvent associés à d'autres traitements moins puissants, ce qui a conduit à l’apparition fréquente de résistances. Mais avec l’arrivée de nouvelles molécules plus performantes, comme le dolutégravir, le bictégravir ou le cabotégravir, les résistances sont devenues beaucoup plus rares : seulement 2,7 % des patients concernés en 2024.
Cette étude montre qu’avec un bon suivi médical (charges virales et tests de résistance réguliers), il est possible de maintenir des traitements efficaces sur le long terme. Les progrès récents dans les traitements permettent aujourd’hui de mieux contrôler le VIH, tout en réduisant le risque d’échec thérapeutique.